
Résumé :
De tous temps, les royaumes s’érigent puis s’écroulent sous l’oeil des Dieux et de la Mère, créatrice de toutes choses sur Barcil. Tissées afin de garantir l’harmonie du monde, les ficelles du destin de chaque mortel glissent dans ses mains. Ainsi l’Equilibre est perpétué, cohésion précaire entre les morts et les vivants, entre les puissances du monde et du cosmos.
Retirée aux confins des royaumes jumeaux de Tigyl et de Derhil, la petite Orglin vit à l’écart de la civilisation. La demi-elfe ne connaît que sa forêt originelle et l’amour que lui porte ses parents, égalé seulement par l’azur sans fond de la voûte céleste.
Cependant les plans échafaudés par Yencil, le Dieu de la Guerre à l’ambition sans borne, n’oublient pas cette créature. Il l’a compris : dans ses veines coule la science du combat, héritée du passé sanglant de ses parents.
Alors les rouages du monde entrent en action ; la guerre fratricide ébranlant les couronnes royales déversera ses atrocités dans ce havre oublié. Les Danseuses du Ciel sont envoyées sur Barcil avec pour mission d’accomplir ses desseins.
Parviendront-elles à édifier Orglin comme l’une des leurs ?
Orglin se montrera-t-elle digne du destin que Yencil lui a réservé ?

« Le cycle de Barcil » est un ensemble de nouvelles écrites par Jean-Marc Dopffer. Il m’a offert de découvrir l’une d’elles ; « Orglin la primitive ». C’est donc par le biais de cette dernière, que j’ai fait la découverte de la plume et de l’univers de cet auteur.
La protagoniste principale de cette histoire est ; une jeune fille, éduquée à l’écart du monde par ses parents qui se sont reclus, fuyant la guerre et sa destruction. Malheureusement, pour eux, le Dieu Yencil nourrit un plan pour leur enfant, et fait parvenir une prophétie à la communauté des Hommes.
C’est ainsi que commence cette petite histoire, tandis qu’un bataillon part à la recherche de l’élue, supposée engendrer la paix entre deux peuples en conflit depuis trop longtemps.
Il sera question ici : de perte, de quête, de mort et de renaissance … Du jugement divin, de la foi et de l’abnégation d’un homme pour son devoir, ainsi que de l’acceptation d’une destinée.
Cette nouvelle introduit le « Cycle de Barcil », tandis que l’héroïne de ce récit réapparaîtra dans la nouvelle de « Yencil le stratège ». Le but étant de narrer des histoires qui se suivent, se croisent et forment un tout, tout en se focalisant chaque fois sur un personnage-clé et ses aventures. Un concept intéressant et astucieux !

Une chose est sûre, l’auteur par le biais de cette nouvelle, laisse entendre que le dessein d’un Dieu ne saurait être contrarié. Et la colère de Yencil, divinité guerrière, n’aura pas d’égal face à l’outrecuidance et le manque d’humilité d’une communauté de sorciers …
Vous l’aurez compris, ce que vous propose Jean-Marc Dopffer ce sont des récits de fantasy, courts, qui s’imbriquent, chaque nouvelle contant l’histoire de son héros. Dans le cas de cette lecture, Orglin est une jeune fille, issue d’une union entre un Homme et une Elfe, autrefois ennemis. Un passé, dont elle semble tout ignorer. Elle grandira et apprendra auprès de Yencil, le Dieu de la guerre lui-même, et mènera sa destinée à bien, tel que les plans du Dieu l’avaient décidé.
Ainsi, est offert au lecteur ; une courte lecture, très rythmée (quelques temps morts auraient d’ailleurs été salvateurs, peut-être pour accorder quelques mots au vécu émotionnel de la protagoniste ?). Mais aussi, et surtout, visuelle, aux combats épiques qui donnent la sensation de plonger dans un univers antique, médiéval et magique. La plume est fluide et le vocabulaire choisi, pour un récit qualitatif, riche et rondement mené.
Comme explicité plus avant, j’aurais apprécié que quelques passages soient accordés à la psychologie et la construction des personnages. Pour autant, l’ensemble est très cohérent. Cette nouvelle permet donc au lecteur - à défaut de saisir de l’essence même de ce qui fait d’Orglin ce qu’elle - de découvrir son histoire et son évolution.
Les pages se lisent toutes seules, et le dénouement de cette nouvelle arrive très vite. Si rapidement, que j’en ai ressenti de la frustration. On plonge dans l’univers « tête la première » et l’instant est si fugace qu’on expérimente une sensation de manque. L’auteur sait conter son histoire, et sa plume induit une immersion rapide dans son univers.
En conclusion, une belle surprise, une découverte intéressante, à la fois d’une plume et d’un imaginaire, foisonnants. Le format de nouvelle implique d’aller droit au but, mais quelques pages en plus auraient certainement beaucoup apporté à l’histoire. Pour autant, je ne saurais que conseiller chaudement la lecture de cette nouvelle (et certainement des 9 autres) aux amateurs de Fantasy. Je suis curieuse de lire les autres récits courts du Cycle et d’en découvrir les différents personnages.