
Résumé :
Gloria, artiste et végane, est une fervente militante pour le droit des animaux. Déterminée dans sa quête du bonheur, elle vit seule avec ses jumelles dans un petit appartement en Camargue. Un soir, elle renverse un chat sur la route... C'est un vieux monsieur au béret vert se nommant Auguste, vibrant exactement au même diapason qu’elle, qui la récupère au milieu des vignes. Le destin va alors unir ces deux personnages afin d’organiser la plus grande manifestation anti-corrida qui n'ait encore jamais été créée. Seulement quand Ermete Campuzzano, le matador le plus connu du pays se voit blessé à cause du plan majestueux d’Auguste et Gloria, tout bascule...
Ce roman philosophique, humaniste et spirituel peut nous faire poser mille et une questions sur l’idée même que l’on se fait de la vie, de l’amour et du bonheur. Devons-nous nous battre pour nos idées même si elles dérangent ? Est-ce que nous devons suivre le schéma de nos ancêtres pour être heureux ? Quelle est la place des animaux dans ce monde ? Et plus encore, est-ce que deux êtres que tout oppose peuvent s’unir ?
Amour, magie, liaisons dangereuses et réflexion vont s’entremêler dans une ambiance époustouflante et méditerranéenne.

« La fille aux fleurs dans les yeux » est un roman poignant. Ici, l’auteure sensibilise son lecteur à la souffrance animale, par le biais d’un personnage atypique, débordant d’émotions, en perpétuelle évolution. Le tout, avec une pointe de magie / poésie, en narrant des visions entre apparitions et synesthésie.
Cette lecture emporte le lecteur dans le quotidien d’une femme, trentenaire, divorcée, élevant ses jumelles et souhaitant vivre selon ses véritables besoins, désirs et ambitions (et peu importe qu’ils correspondent aux attentes de la société ou de ses proches).
Cette femme, est habitée par une force, une connaissance, quelque chose de mystique qui la portera tout au long du récit. Profondément touchée par la cause animale, elle s’émeut pour chaque hère blessé, abandonné ou tué. Une âme sensible, douce et immensément fragile, qui saura faire preuve de force, mais également de débordements émotionnels la fois étonnants et déroutants. Son passé difficile, la pousse dans le présent à se reconstruire et se protéger, la faisant emprunter des chemins inattendus.
Elle croisera la route de trois personnages marquants ; une voyante, un mentor qui deviendra bien davantage et l’amour de sa vie. Trois personnages bien amenés et savamment travaillés. La première, est aussi énigmatique que furtive.

Tandis que les deux derniers, aux caractères de cochon, s’imposent à elle à leur façon. L’un protecteur étouffant et outrepassant certaines limites, et l’autre, intrigué et motivé à lui faire reconnaître son émoi.
Autant le dire, les personnages sont un peu torturés, présentent des fonctionnements psychologiques surprenants, en dents de scie, et d’ordinaire peu exploités. Ils sont vulnérables, meurtris, dictés par leurs mécanismes de défense durement acquis, avide de contrôle et soucieux de ne plus s’exposer à la perte, … Une approche qui les rend à la fois attachants et agaçants, les faisant osciller dans leur ambivalence comme dans adolescents, torturés à la fois par les affres de leur maturité et leur besoin de réparations.
Il est important de souligner, que l’héroïne de cette histoire est très influençable, et même qu’elle s’affranchit d’une emprise pour une autre (qui prend une forme différente bien sûr). La bienveillance, et le désir de bien faire, de secourir, ne devrait jamais enlever à qui que ce soit le droit de faire des choix, de les vivre et de les assumer (encore plus à 30 ans passés). Ici, on perçoit parfois, en filigrane les prémices d’une forme « d’endoctrinement », c’est la seule chose qui a entaché m’a lecture.
Le rythme va crescendo, l’auteure a pris le temps de poser le cadre, de faire évoluer son récit au rythme de son personnage principal. Les paysages, comme les émotions, et les visions de l’héroïne sont touchants de couleurs et de poésie. On s’y croirait. Tandis que la romance, intelligemment construite, à la fois complexe, et inévitable, m’a tenu en haleine. Voyez-vous, la protagoniste et son amant, se voient tous deux embrassé des destinés que tout oppose, tant dans leur construction depuis l’enfance, que dans leurs convictions. L’une refuse de voir le monde en nuances de gris, l’autre, est pris dans ses conflits de loyauté envers sa famille …
La plume de l’auteure est fluide, arbore quelques fioritures sans être alambiquée, se meut philosophe, puis poétesse, nous narre une lutte contre la corrida (toujours autorisée en France à ce jour), ou encore (même si plus succinctement) contre la maltraitance des lévriers en Espagne. Des chiens qui sont traditionnellement torturés et massacrés (encore aujourd’hui, en Espagne), lorsqu’ils ne sont plus suffisamment efficaces à la chasse. Une race à la fois très connue (grâce à l’Histoire et leur corpulence très menue), mais souffrant de désinformations et de préjugés dommageables pour son appréciation de l’Homme.
Vous l’aurez compris, j’ai été rapidement happée par cette lecture, qui change de ce qu’il m’a été offert de lire ces derniers temps. Ce fut à la fois rafraichissant et prenant. Le contenu de ce roman n’est pas tendre, mais insuffle paradoxalement une forme de torpeur, de douceur à sa lecture. Je l’ai refermé avec le sourire, la fois triste et soulagée, … autant parler d’un vécu de lecture particulier, qui laissera certainement une trace quelque temps.
Ce que vous propose Cindy Giacomo, c’est avant tout une quête de soi, de reconstruction, de réparation, d’acceptation, de reconnaissance, d’humilité, de respect et d’ouverture à soi, à ses désir, à son bonheur, mais également au monde … C’est aussi, la mise en exergue des conséquences ; de la perte, de l’abandon, de la manipulation et de la maltraitance. Ou encore la mise en lumière de remaniements difficiles et douloureux, parfois semés d’embuches, mêmes atypiques et proposant des alternatives moins cartésiennes que mystiques, illustrant le courant de pensée new âge qu’embrasse largement l’héroïne de cette histoire.
En conclusion, j’ai tout simplement adoré cette dernière lecture de mois de mai ! J’ai été transportée, happée, à ne plus pouvoir lâcher ce livre avant que la dernière page ne soit tournée. Je ne saurais qu’en conseiller la lecture, qui ; donne à réfléchir, confronte aux défauts de l’Homme et à sa vulnérabilité, invite à la compréhension et à la bienveillance.